Un dé à jouer [Libre (:]

Messages : 135 Date d'inscription : 31/08/2010

La journée commençait très mal pour Jaron. Premièrement, il était de très très mauvaise humeur (ce qui était relativement habituel). Et deuxièmement, il entrait au pensionnat Yoru aujourd'hui. Cette perspective aggravait encore son humeur. Il se trouvait confortablement installé dans un fauteuil, un verre à la main, en attendant l'heure où le contact de son père viendrait le chercher pour l'emmener dans cette maison de fous. Et pour s'occuper pendant cette attente, il avait décidé de faire voler un dé à jouer à travers la pièce. Occupation plutôt saine pour quelqu'un de mauvaise humeur, me direz-vous, mais il faut préciser que Jaron le projetait à la vitesse d'une balle de tennis. Beaucoup d'objets se brisèrent, ce qui soulagea légèrement l'adolescent qui afficha un sourire satisfait. Quelqu'un frappa à la porte. Le blondinet fit retomber l'objet sur le sol, bu une gorgée d'alcool, et signala que la personne pouvait entrer. L'ami de son père, quand il constata l'état de la chambre, ne pu que manifester sa stupeur :

" Grand Dieu... Jaron ! On peut savoir ce qui t'a pris? "

Le jeune homme se fichait pas mal de ce que ce vieux pouvait bien lui dire. Il se contenta de finir son verre, d'attraper sa valise, son dé à jouer et de se diriger vers la sortie sans attendre son aîné. Ce n'est que sur le trottoir qu'il consentit à s'arrêter. Là, il attrapa ses lunettes de soleil (qui servaient auparavant de serre-tête) et les glissa sur son nez. L'ami de son père arriva et le détailla de la tête aux pieds. L'adolescent avait opté pour un t-shirt rouge sombre et noir sans manches, plutôt taillé pour une fille mais qui allait très bien sur son corps fin. Celui-ci laissait apparaître son ventre, effet accentué par un pantalon moulant taille basse et des bottines noires en cuir, pas trop exubérantes, qui montaient à mi-mollets. Il portait également des petits gants en cuir, qu'il ne quittait pratiquement jamais, tout comme son chapelet en métal. L'homme soupira d'exaspération, mais Jaron l'ignora royalement. Il le fit monter dans une berline, et ainsi ils prirent la route pour le pensionnat.

Plusieurs minutes plus tard, le véhicule s'immobilisa devant les grilles. Le fils Rivers ouvrit brusquement la porte, attrapa sa valise dans le coffre, avant de se diriger, l'air grognon, en direction des bâtiments. Il entendit cependant un cri venant du véhicule :

" Hey, Rivers ! La portière ! "

Il avait oublié de la fermer. Un léger sourire apparut sur son visage. L'adolescent regarda autour de lui pour vérifier qu'il n'y avait personne, et fixa la portière qui se claqua violemment. Il ressentit une légère douleur à la tête, comme à chaque fois qu'il utilisait la télékinésie sans être en proie à une forte émotion, mais l'air ahuri du conducteur valait toutes les douleurs du monde. Satisfait de lui même, il regarda la berline s'éloigner à grande vitesse et se tourna de nouveau vers le pensionnat.

Messages : 53 Date d'inscription : 28/08/2010

[HJ : Je suis désolée pour tout ce que je t'ai dis petit frère...]

Elly Ikeda s'était levée tôt ce matin, beaucoup trop tôt, et maintenant elle était épuisée. Si bien qu'elle avait trouvé un coin tranquille, à proximité du portail, et qu'elle s'y était allongée sur le ventre. Des oiseaux étaient rapidement venus lui tenir compagnie, attirés par les petits bouts de pain qu'elle jetait non loin d'elle. Ils finirent par s'approcher si près qu'elle aurait pu les toucher en avançant le bras. Juste en avançant le bras. Elle les regardait de ses yeux violets, comme hypnotisée par leurs gestes. La jeune Ikeda n'avait plus de pain depuis longtemps, mais les petits animaux restaient à proximité, ils savaient qu'elle ne représentait pas un danger pour eux. L'adolescente en profitait pour respirer le grand air. Elle aimait par dessus tout cette odeur douce d'herbe coupée il y a quelques jours déjà. Elly raffolait de ces longues heures passées à écouter les chants de ses camarades ailés, à sentir le soleil lui réchauffer le corps, à être caressée par un vent léger.

Mais en bruit vint parasiter sa quiétude. Un véhicule s'immobilisa non loin d'elle, et une personne en sortit. Elly mit du temps à déterminer son sexe, mais à priori, c'était bien d'un garçon qu'il s'agissait. Il était blond, les cheveux coupés au carré et portait des lunettes de soleil. L'inconnu revêtait des vêtements sombres et plutôt moulants. La jeune fille était elle-même très fine, et elle pu constater qu'il l'était autant qu'elle, voir plus. En tout cas, elle appréciait son style punk-gothique, même si le garçon semblait aimable comme une porte de prison. Il s'éloigna du véhicule valise à la main, en oubliant de fermer la portière, ce que lui fit méchamment remarquer le conducteur. L'adolescent regarda tout autour de lui, sans voir la jeune Ikeda grâce à un arbrisseau qui la dissimulait en partie. Puis, quand le garçon fixa la portière, celle ci se referma toute seule, et il était impossible que ce soit le vent qui ait fait ça. Elly leva un sourcil, et roula sur le dos pour regarder le ciel. Elle se fichait pas mal de ce qu'elle venait de voir. Tout ce qu'elle voulait maintenant, c'était dormir. Elle s'apprêtait à fermer les yeux quand quelque chose vint brusquement masquer son soleil. Elle grogna légèrement de frustration et fixa le responsable :

- Tu me fais de l'ombre, méchant !

Messages : 135 Date d'inscription : 31/08/2010

[Ouais... On en reparlera quand je rentrerais ; Pour les vêtements, t'avais pas précisé comment elle était habillée alors j'ai inventé]

Un fois le véhicule partit, il se remit en chemin vers la pensionnat. Il gardait pourtant cette étrange et agaçante impression d'être épié. Il regarda donc une nouvelle fois autour de lui, plus attentivement, et repéra des arbustes, derrière lesquels il aperçu du mouvement. L'adolescent se dirigea vers eux, posa sa valise non loin et contourna cette végétation. Son instinct ne l'avait pas trompé : une fille se trouvait là, allongée dans l'herbe, l'air rêveuse. Il aurait pu abandonner là, s'il n'avait pas été pris d'un doute à cet instant : l'avait-elle vu fermer la porte rien qu'en la regardant? Il comptait bien aller vérifier, et pas n'importe comment, en posant directement la question. Le fils Rivers s'avança, et pu détailler la fille qui ne l'avait même pas repéré. Blonde, ou rousse (ou les deux), elle possédait un visage doux et paisible, le genre de personne qui devait avoir grandit sans connaître l'ombre d'une difficulté. L'adolescente était simplement vêtue, d'une petite robe blanche avec une ceinture noire, et d'une veste qui devait lui tenir affreusement chaud. Il remarqua également qu'elle avait retiré ses chaussures, abandonnées un peu plus loin. Il se tenait maintenant tout près de sa tête, masquant le soleil de sa silhouette. C'est à peine à ce moment qu'elle réagit, en grognant et en s'adressant à lui d'un ton pas très accueillant :

- Tu me fais de l'ombre, méchant !

Une gamine. Jaron se fichait pas mal d'être méchant, il pourrait même le devenir vraiment si la fille ne répondait pas comme il fallait à sa question. Il remit ses lunettes de soleil dans ses cheveux, et s'adressa à elle d'un ton à la limite du menaçant :

- Qu'est ce que tu as vu ?

Il se dit que s'il en venait à agresser la fille ça ne serait pas plus mal. Il serait renvoyé dans son pays, certainement pour y être enfermé chez les fous. Son frère apprendrait vite la nouvelle et ne tarderait pas à pousser leur pauvre tante au suicide pour se faire également rapatrier et être enfermé dans le même asile. S'en suivrait une évasion, bien entendu, mais encore fallait-il qu'il se fasse renvoyer. Pour l'instant cependant, par curiosité, par envie de rencontrer d'autres timbrés comme lui, il avait décidé de se tenir plutôt tranquille. Mais il ne fallait pas qu'elle le pousse à bout. Voyant qu'elle ne répondait pas, il la pressa :

- Répond-moi, idiote ! Qu'est ce que tu as vu à l'instant ? Je sais que tu m'observais !

Messages : 53 Date d'inscription : 28/08/2010

Le garçon debout au dessus d'elle, la dominait de toute sa hauteur, et ne semblait pas très enclin à plaisanter. Il ne devait pas être spécialement doué pour demander les choses gentiment, car c'est d'une voix qui ne dissimulait pas du tout la menace qu'il s'adressa à elle :

- Qu'est ce que tu as vu ?

Comment ça, qu'est ce qu'elle avait vu? Gonflé ce garçon, et puis qu'est ce que ça pouvait bien lui faire d'abord? D'ailleurs, Elly fait le tri dans sa toute petite mémoire, et la portière n'était pas assez importante à ses yeux pour qu'elle fasse l'effort de s'en rappeler. Que ce soit complètement anormal ne lui avait même pas effleuré l'esprit (si esprit il y a). L'adolescente ferma donc les yeux et entreprit de s'endormir sans même lui répondre. Il eut l'air de ne pas spécialement apprécier puisqu'il la réinterrogea, d'un ton plus agressif et pressé :

- Répond-moi, idiote ! Qu'est ce que tu as vu à l'instant ? Je sais que tu m'observais !

Elly soupira profondément et se mit à genoux, face à lui. La jeune Ikeda gardait toujours son visage impassible, même lorsque, en l'observant en détail, elle remarqua son bras et son visage mutilés. Elle se demanda ce qui avait bien pu lui arriver, car ce n'était pas le genre de blessure que l'on peut se faire comme ça. Elle se remémora la phrase qu'il venait de lui dire. Il venait vraiment de l'appeler "idiote"? La jeune fille se força à faire une moue boudeuse et répondit :

- D'abord, je ne m'appelle pas "Idiote" mais Elly Ikeda ! Et en plus, je me fiche de la façon dont tu fermes tes portières !

Une fois son coup de gueule passé, son regard se dirigea de nouveau vers les cicatrices sur le bras de l'inconnu. Elle les effleura de ses doigts, avant de demander doucement :

- Tu souffres?

Messages : 135 Date d'inscription : 31/08/2010

A la deuxième injonction, la fille réagit enfin. Il la vit se retourner et se redresser pour être à genoux devant lui. Jaron se sentait ainsi encore plus supérieur à elle. Et il adorait ça. Dominer, c'était son truc. Le fils Rivers avait une très nette tendance à considérer toutes les personnes en dehors de lui-même comme des cafards, tout justes bons à le servir. Il s'imaginait bien contraindre cette fille à obéir à ses caprices. Le problème, c'est qu'elle semblait aimer également en faire. D'abord complètement neutre, son expression devint celle d'un enfant que l'on vient de vexer.

- D'abord, je ne m'appelle pas "Idiote" mais Elly Ikeda ! Et en plus, je me fiche de la façon dont tu fermes tes portières !

Il ne s'était donc pas trompé. Elly l'avait bel et bien vu utiliser la télékinésie. Son indifférence engendrait deux hypothèses : soit elle avait également un pouvoir, soit elle était complètement stupide. Il pencha plutôt pour la deuxième. Surtout lorsque la jeune fille se mit à regarder son bras avec insistance. Le fils Rivers détestait qu'on l'examine ainsi, et il commença à sentir la colère grandir en lui. Cela empira lorsqu'elle osa poser les doigts sur sa peau.

- Tu souffres?

Jaron, sans crier gare, poussa violemment Elly qui tomba en arrière. Il du se retenir pour que tous les objets de taille raisonnable qui les entouraient ne se mettent pas à léviter et surtout qu'ils n'utilisent pas la fille comme cible. Il était furieux, mais il n'avait pas l'intention de se faire renvoyer tout de suite. Le fils Rivers se mit accroupit devant elle et la saisit par les épaules. Le timbre de sa voix lorsqu'il lui répondit reflétait nettement son animosité :

- En quoi ça te regarde si je souffre imbécile?! Tu ferais mieux de t'occuper de ce qui te regarde et d'arrêter d'espionner les gens ! Ne me touche plus jamais, c'est bien compris ?

Messages : 53 Date d'inscription : 28/08/2010

Ce n'était visiblement pas une bonne idée de s'inquiéter de la sorte pour le blond. Ce dernier devint soudainement furieux et poussa Elly qui s'écroula sur le sol. Heureusement, elle était a genoux juste avant et ne se fit donc pas mal, mais ses yeux étaient grands ouverts de surprise. Elle mit quelques instant avant de réaliser que son geste, même dépourvu de provocation, avait pu éveiller une telle violence chez son camarade. Celui-ci aurait d'ailleurs très bien pu se mettre à la frapper, dans la continuité de ce geste. Au lieu de ça, il s'abaissa et lui empoigna les épaules avec une certaine force, tandis qu'elle ne le quittait pas des yeux, se demanda s'il allait ou non la frapper.

- En quoi ça te regarde si je souffre imbécile?! Tu ferais mieux de t'occuper de ce qui te regarde et d'arrêter d'espionner les gens ! Ne me touche plus jamais, c'est bien compris ?

La jeune Ikeda hocha faiblement la tête pour lui signifier qu'elle avait comprit mais, presque aussitôt, elle leva la main vers le visage du garçon. Elle ne toucha pas sa peau, mais garda la main en suspend, à quelques millimètres de sa joue. Ce n'était pas une bravade, plutôt un geste de tendresse envers un inconnu, un geste qu'elle aurait pu avoir avec un enfant qui venait de tomber.

- C'est vrai que ce ne sont pas mes affaires, mais c'est triste de voir quelqu'un souffrir. Toi, ce n'est pas au bras, ni au visage que tu as mal, pas vrai ?

C'était là la phrase la plus mature qu'elle avait dit de toute sa vie. D'où elle sortait ça? et qu'est ce qui lui faisait penser que l'élève souffrait intérieurement ?

Messages : 135 Date d'inscription : 31/08/2010

Jaron pensa un moment que cette Elly Ikeda était tout simplement la fille la plus stupide qu'il ait jamais rencontré. Juste après qu'il lui ait interdit de le toucher, voilà qu'elle hissait sa main jusqu'à sa joue ravagée, arrêtant ses doigts fins à la limite de la désobéissance. Un seul tremblement, un seul infime mouvement et leurs peau se touchaient. Jaron allait de nouveau s'énerver, prenant cela pour une pure provocation, mais la jeune fille le devança, lui souffla quelques mots :

- C'est vrai que ce ne sont pas mes affaires, mais c'est triste de voir quelqu'un souffrir. Toi, ce n'est pas au bras, ni au visage que tu as mal, pas vrai ?

Sous l'effet de la surprise, le fils Rivers relâcha sa prise sur les épaules d'Elly. Il laissa le tissu de la veste filer entre ses doigts et il la fixa un instant, l'air interdit. Qui était cette fille, franchement? Etait-elle devin? Ou avait-elle le don d'empathie? Ou celui de lire dans les souvenirs des gens? Ce qu'elle venait de dire était plus que vrai. Les cicatrices que Jaron portait sur son corps étaient ridicules en comparaison de sa souffrance. Celle d'avoir grandit sans parents, avec pour seul confident, ami, camarade, son frère Avery, qu'il avait fini par blesser gravement à cause d'un jeu stupide. Mais ce jeu avait toujours été leur clef de voute, c'était LEUR jeu. Et puis, on les avait séparés, les jugeant trop dangereux l'un pour l'autre. C'était comme si on lui avait retiré la moitié de son cœur... Mais ça, le blond était beaucoup trop fier pour le confier à qui que ce soit. Il se remit enfin de sa surprise et se releva, se détournant d'Elly pour aller récupérer sa valise. Mais avant de reprendre son chemin vers les dortoirs, il se tourna une dernière fois vers la jeune fille.

- Prends bien garde à toi. Tu n'es pas assez prudente, il y a des types pas nets dans ce bahut.

Et il partit, l'abandonnant là, en se demandant depuis quand il donnait des conseils aux gens.

[Fin du RP ?]

Messages : 53 Date d'inscription : 28/08/2010

[Ouep]

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