Une rencontre maladroite [PV Ishiru]

Dur de s'expliquer ce qu'elle faisait là. Suzu, l'empotée de service et la première à trouver le moyen de tomber sur un terrain plat, qui se tenait sur les toits. Elle pourrait tomber n'importe quand et se fracasser le crâne plus bas. Alors, vraiment, que faisait-elle là? La vérité, c'est que Suzu adorait la vue à partir de là.
Elle portait une jupe bleue marine qui arrivait à ses chevilles, laissant voir ses bottines, et un chandail à manches courtes blanc. Par-dessus, elle avait son châle noir. Son capuchon était rabattu vers l'arrière, alors que le vent soufflait au visage de l'adolescente, faisant voleter ses cheveux roux autour d'elle.
Mais Suzu n'était pas une fille suicidaire, et elle était consciente de sa maladresse. Aussi, elle se tenait près du bord, mais elle restait assise. Au moins, elle ne risquait pas de tomber, comme ça. Elle aurait bien aimer balancer ses pieds dans le vide, mais ç'aurait été risqué, pour elle.
Dommage. Les yeux dorés de l'adolescente étaient perdus en quelque part sur l'horizon, alors que ses pensées avaient depuis longtemps dérivé. Finalement, elle revint un peu dans le monde des vivants et regarda l'horizon. Elle s'éloigna un peu du bord, puis se leva. Elle fit trois pas et percuta brusquement quelqu'un.

- D-désolée! bafouilla-t-elle en s'inclinant.

Son visage pâle s'était empourpré. Elle s'efforça de reprendre une couleur normale et redressa son visage pour voir la personne qui se tenait devant elle.

Comme d'habitude, Ishiru s'emmerdait. C'était le weekend, il s'était donc lever dans les alentours de onze heure... peut-être midi, il n'avait pas porter beaucoup d'attention à son réveil-matin. Kira était déjà partie, elle était lève-tôt comparativement à son frère. Et Jaron n'était pas là, lui non plus.
Il partit prendre un petit-déj... ou plutôt un Déjeuner, à l'heure qu'il était...
Puis après, il avait décider de visiter un peu mieux l'école. Après tout, il n'avait pas encore eu le temps de tout voir... et il découvrirait sans cesse de nouvelles choses!
Et justement, il découvrit un escalier qu'il n'avait pas vu à ce jour encore. Et il y avait un panneau qui signifiait qu'il était interdit de monter là-haut.Évidement, il n'était pas le frère de sa soeur pour rien! Il portait bien le nom de famille "Ozaki".
Il grimpa les marches quatre à quatre puis ouvrit une porte.
Oh là là, il était sur le toit. Il comprenait donc pourquoi l'accès à cet endroit était interdit. Mais la vue d'ici était magnifique et devait l'être encore plus lors d'un coucher ou d'un lever de soleil, ou encore la nuit, avec la lune et les étoiles.
Alors qu'il regardait au loin, il se fit percuter et une petite voix s'excusa.
Ishiru baissa le regard et vit une jeune fille qui semblait toute timide, vêtue d'une longue jupe et d'un châle noir.
Leurs regards se croisèrent un court moment, finalement. puis l'aîné recula d'un pas pour mieux la regarder.

- Ne t'en fait pas avec ça, petite.

Cette gamine devait avoir, quoi, treize ou quatorze ans?

- Que fais-tu ici? demanda-t-il avec un petit sourire.

Les yeux de Suzu se perdirent un moment dans ceux, verts, du garçon. Il avait des cheveux bruns plus ou moins longs et il avait... une bonne tête de plus qu'elle. Elle lui arrivait à peine aux épaules, en fait. Pas étonnant qu'il ne l'ai pas vu. Le garçon recula un peu et la regarda. Suzu baissa le regard.

- Ne t'en fait pas avec ça, petite.

Elle ne passa aucun commentaire. Sa taille ne lui était pas un complexe, bien qu'elle n'aurait pas refuser une petite dizaine de centimètre en plus... Puis, le garçon lui demanda ce qu'elle faisait là. Suzu se mordilla la lèvre. Elle savait qu'elle n'avait pas le droit d'être là. Et si ce garçon était un surveillant? Elle n'avait pas pour habitude d'enfreindre les règles et n'avait pas tellement envie d'attirer sur elle l'attention pour être allée sur les toits.

- Je... euh... Je voulais réfléchir un peu... marmonna-t-elle, hésitante. Il y a... trop de gens et trop de bruit, à l'intérieur...

Il y avait presque des temps d'arrêt entre chacun de ses mots, comme si elle n'était jamais certaine des terme à employer, et elle parlait d'une petite voix mal assurée. Elle baissa le regard, ses cheveux roux chutant devant son visage. Elle les repoussa d'une main hésitante et ajouta, sans trop être sûre:

- Je m'appelle Suzu... et toi?

Ses joues rosirent un peu et elle détourna ses yeux d'or vers le sol.

La jeune fille semblait si elle affichait un air presque coupable, comme si elle s'était faite pincé à faire quelque chose de mal. Mais elle n'avait rien à craindre puisque, de toute manière, Ishiru était, lui aussi, en train de faire un truc illégal. Après tout, il était interdit d'être ici.
Elle marmonna d'un ton incertain, sans parler trop vite, comme si elle choisissait minutieusement chacun de ses mots, qu'elle réfléchissait seule, isolée, car il y avait trop de gens à l'intérieur du bahut.
Ishiru la regarda baisser la tête et replacer ses longs cheveux derrière ses oreilles avant de se présenter. Le jeune homme crut voir son teint changer de couleur. Elle était vraiment mignonne et il n'en était pas insensible.
Il l'invita à s'assoir avant de se placer près d'elle et se présenta à son tour:

- Ishiru Ozaki, j'ai 17 ans.

Puis il se glissa sur dos pour s'allonger et passa ses bras derrière sa tête. À chaque fois qu'il en avait l'opportunité, cet homme se couchait au sol pour ne pas trop forcer à rester debout (ah la paresse).

Le garçon lui fit signe de s'asseoir et Suzu s'exécuta, trop timide pour refuser. Puis, il s'assit près d'elle et se présenta lui aussi. Il s'appelait Ishiru Ozaki et il avait 17 ans. Suzu ne réalisa qu'à ce moment qu'elle n'avait donné que son prénom. Le dénommé Ishiru s'étendit alors au sol, ses bras derrière la tête. L'adolescente se tassa de manière presque imperceptible, pour éviter que le garçon la frôle par mégarde. Hésitante, Suzu reprit la parole. Elle voulait au moins donné nom et son âge...

- C'est... Suzu Sukeru, dit-elle de sa petite voix. J'ai 16 ans.

Elle savait qu'elle semblait plus jeune, dut surtout à sa petite taille. Elle resta immobile et regarda au loin, alors que son esprit recommençait à dériver. Elle pensa à sa mère adoptive, qui était totalement seule. Puis, elle se demanda si Ishiru était, comme elle, spécial (Cherchez pas de lien, il y en a pas). Elle se dit également que la vue, d'ici, était vraiment très belle. Aussi qu'elle devrait aller porter une fleur sur la tombe de son père adoptif. Ses pensées dérivaient de plus en plus loin et avec de moins en moins de cohérence. Dans ses yeux mi-clos et vide, on pouvait voir qu'elle n'était plus toute là. Elle revint subitement à la réalité et regarda Ishiru.

- Tu... as dit quelque chose? demanda-t-elle.

Suzu se représenta en précisant son nom complet et son âge. Elle avait réellement seize ans? Pendant un moment, Ishiru se sentait un peu nul. Il avait vraiment mal visé et il se sentait un peu honteux de l'avoir appeler "petite". Après tout, cette gamine devait s'être faite appeler ainsi de nombreuses fois et il y avait sans doute des raisons pour laquelle elle devrait vraiment en avoir marre.

- Oh, excuse-moi, marmonna-t-il en détournant le regard. Je pensais que tu étais plus jeune encore.

Puis il soupira, un peu mal-à-l'aise avant de jeter un coup d'oeil à cette petite. Elle semblait tombée dans ses pensées. Elle était si mignonne. Elle était toute timide, ne parlait pas très fort et cachait son regard captivant et son beau visage derrière ses longues mèches rousses.
Tout comme cette jeune fille, Ishiru tomba dans ses propres pensés. Après tout, ils ne disaient rien. L'aîné songea à son ancienne vie avant son arrivée, il songea aussi à sa petite soeur qui l'avait suivit car, heureusement, elle s'était découverte un pouvoir peu après lui.
Puis il pensa à sa mère. Cette pauvre folle qui avait sombré dans un grand vice: l'alcool, en espérant aller mieux après le décès de son mari.
Ishiru était partit de la maison, en tenant sa petite soeur aux épaules et jetant un dernier regard à sa mère qui avait fait de leurs dernières années sous son toît, malheureusement malgré elle, un enfer.

- Pauvre conne... songea Ishiru à voix haute, en marmonnant dans sa barbe

- Tu... as dit quelque chose?

Le jeune homme redressa vivement la tête et regarda la jeune fille qui le regardait.

- Euh quoi? Euh... Je... Eh bien, je... je te croyais plus jeune que tu ne l'es réellement... Et actuellement, je pensais à ma mère, dit-il sans vraiment songer au fait qu'il avait traité son parent d'idiote.

Ishiru se tourna vivement pour la regarder. Rougissant un peu, Suzu baissa le regard. Le garçon bafouilla un peu et explique qu'il la croyait plus jeune qu'elle ne l'était, et qu'il pensait à sa mère. De la façon dont il l'avait dit, Suzu se doutait bien qu'il n'entretenait pas d'excellente relation avec sa mère. Le pensionnat devait avoir été une bénédiction, pour lui. L'adolescente se demanda vaguement s'il avait été contacté parce qu'il avait des pouvoirs, mais jamais elle n'oserait demander. Elle se contenta d'acquiescer distraitement à ce qu'il avait dit.

- Tu n'es pas le premier... à croire que je suis plus jeune... dit-elle de sa petite voix. Je sais que je suis plus petite que la moyenne, mais ça me convient.

Elle eut un petit sourire gêné et se leva. Elle s'avança un peu, s'assurant de ne pas être trop près du bord, puis elle revint sur ses pas et trébucha, s'étalant au sol avec un petit cri de surprise. Il était difficile de croire que, maladroite comme elle était, elle n'ait pas encore le réflexe de se rattraper lorsqu'elle tombait. Elle se redressa, à genoux. En étant au sol, elle était certaine de ne pas tomber plus bas, mais ce n'était pas très... hum... approprié... Suzu frotta ses poignets de ses longs doigts fin. Sa peau était toute égratignée et elle était certaine qu'un ecchymose avait déjà prit forme sur son genoux gauche.

- Aïe... marmonna-t-elle d'une voix un peu geignarde.

Oubliant un moment la présence d'Ishiru, elle s'assit et remonta sa jupe pour regarder l'état de son genou. Déjà bleuit. La marque paraissait bien plus grave qu'elle ne l'était car sa peau était très pâle. Puis, elle leva les yeux, vit Ishiru et rabaissa vivement sa jupe sur ses chevilles. Son visage devint plus rouge et elle baissa son regard... et vit qu'il y avait un peu de sang qui perlait sur son poignet. Elle soupira discrètement et sorti un mouchoir en tissu de sa poche pour essuyer. Elle n'aimait pas la vue du sang, mais lorsqu'il était en petite quantité, elle supportait.

Ishiru vit la jeune fille acquiescer de manière distraite en disant une phrase qui soulagea le plus vieux: il n'était pas le premier à dire ça, à croire qu'elle était plus jeune. Mais le fait d'être plus petite lui convenait bien. L'aîné eut un sourire. Par contre, ce n'était pas seulement sa taille qui lui avait fait douter sur son âge, mais aussi le fait qu'elle semblait toute timide, qu'elle n'osait pas s'imposer... Elle était vraiment mignonne... Surtout avec ce petit sourire gêné. Elle se leva et Ishiru la vit s'avancer près du rebord puis elle revient. Était-elle sote? Pourquoi faisait-elle ça? Elle aurait pu t-...
Trop tard, elle venait tout juste de s'étaller près de lui avec un petit cri de surprise
Ishiru se mordit la lèvre et se rapprocha pour s'assurer qu'elle n'avait rien. Elle se redressait à genoux et frottait ses poignets couvert d'égratignures.

- Ça va, Suzu? osa-t-il à peine marmonner

Puis elle remonta sa longue jupe à ses genoux pour voir justement que l'un deux était déjà ecchymosé. Le coup qu'elle s'était pris à cet endroit avait dû être violent.
Leurs regards se croisèrent et la rouquine rabaissa sa jupe alors que son visage s'harmonisait à peu près à la teinte de flammes de ses cheveux. Elle sortit un mouchoir pour essuyer sa blessure au poignet.

- Laisse-moi faire, dit-il avec un sourire.

Il prit le mouchoir et saisit délicatement l'avant-bras de la petite et essuya doucement son poignet

Suzu n'avait pas vu qu'Ishiru s'était approché d'elle avant de lever les yeux vers lui. Elle s'efforça, très vainement, de ne rien laisser paraître de la gêne que lui inspirait cette proximité.

- Laisse-moi faire, lui dit le garçon avec un sourire.

L'adolescente n'eut pas le temps de réagir avant qu'il ne lui prenne le mouchoir. Elle se sentit rougir d'avantage lorsqu'il prit doucement son bras mince pour essuyer, tout en douceur, son poignet. Suzu ne comprenait pas pourquoi il était si gentil avec elle. En général, les garçons, ou du moins ceux qui la remarquaient, prenait un malin plaisir à la rendre mal à l'aise, voire triste. Mais Ishiru semblait différent, ou alors il se fichait d'elle au point de se lier avec elle puis la balancer en public, ou encore parler contre elle lorsqu'elle avait le dos tourné, ou même se moquer de la timide petite fille empotée qu'elle était. Les humains étaient si cruels... Suzu leva ses yeux d'or sur Ishiru. Il ne semblait pas lui vouloir de mal, mais elle préférait se méfier. Sans vraiment y penser, elle se dégagea un peu brusquement (pour autant qu'elle puisse être brusque, s'entend) et baissa les yeux au sol.

- Je... Ça va aller... murmura-t-elle.

Suzu récupéra son mouchoir, évitant soigneusement de ne pas toucher au garçon, comme s'il avait une quelconque maladie extrêmement contagieuse qu'elle voulait éviter. Elle rangea le morceau de tissu dans sa poche et poussa un petit soupir discret. Sans oser regarder Ishiru, elle demanda d'une petite voix hésitante:

- Pourquoi es-tu si... gentil, avec moi?

Une fois qu'il eut fini d'aider la jeune fille, cette dernière se retira vivement, même brusquement si on faisait une comparaison avec sa frêleur. Elle murmura puis prit le mouchoir de tissu pour le ranger dans sa poche en soupirant.
Ishiru remarqua que sa couleur de peau naturellement pâle avait changée pour une teinte plus rougeâtre. La pauvre devait être si intimidé par lui... Elle semblait être d'une nature comme telle, ça ne devait pas être facile à vivre tous les jours.
Du côté de l'aîné, la vie en société n'était pas trop difficile car il se foutait toujours de ce qui l'entourait. Les commentaires ne le blessaient pas et les gens ne l'intimidait pas. Lui-même était tout de même assez grand, Suzu, de son côté, devait se sentir facilement et rapidement intimidée avec sa petite taille. Sa manie à toujours baisser le regard, à être hésitante, à parler tout doucement.... Les gens qui cherchaient à faire du mal aux autres, les intimidateurs, savaient ce genre de chose. Souvent, ils remarquaient ses petits détails, tics, que tout le monde a, mais qui signifiait tout. Ces petits gestes inconscients décrivaient les personnes en détails... Il fallait simplement leur porter suffisamment d'attention et les étudier pour découvrir les gens en un clin d'oeil.
Le sortant de sa réflexion, elle demanda d'une toute petite voix pourquoi il était si gentil avec elle.
Pourquoi?
Après tout, Ishiru aurait tout bien pu rire d'elle lorsqu'elle était tomber, ou ne pas l'aider pour s'essuyer, ou encore de tout simplement retourner à l'intérieur lorsqu'ils s'étaient croisés au lieu de commencer la discussion.
Mais justement, l'aîné Ozaki n'était pas comme ça. Malgré ses airs las et sans émotion, au fond de lui, il se révélait être un homme au grand coeur, agréable et rigolo... Seul sa soeur (et ses parents avant le décès du père) avait pu être témoin de ce vrai Ishiru. Il n'était pas tout à fait ce qu'il donnait l'air d'être, en fait.
Désappointé, le jeune homme affichait un air surpris et fronça les sourcils.

- Et pourquoi ne le serais-je pas, eh?

Ishiru la regarda, l'air surpris et les sourcils froncés. Il lui demanda pourquoi il ne le serait pas. Cette question surpris Suzu autant que la sienne avait surpris le garçon. Pourquoi serait-il méchant avec elle? Parce que tous les autres l'étaient? Parce qu'elle n'était qu'une pauvre gamine totalement paumée? Parce qu'elle était timide? Ou encore parce qu'elle était petite? Plusieurs raisons valable, selon elle, car elle avait souvent subi les frais de ces petites caractéristiques. Mais encore une fois, Ishiru semblait être différent des autres, ceux que Suzu était incapable de détester malgré le mal qu'ils lui faisaient. Certes, elle ne les aimait pas, mais elle doutait fort pouvoir un jour détester quelqu'un. Mais ce n'était pas la question du moment. Après ce temps de réflexion, l'adolescente répondit finalement à Ishiru, de sa petite voix timide et posée:

- Parce que tous les autres le sont...

Elle baissa ses yeux au sol avec un petit soupir, tout en massant distraitement son genou engourdi. Elle releva son regard vers le garçon et se senti rougir un peu alors qu'elle marmonnait, s'efforçant avec plus ou moins de succès de le regarder dans les yeux:

- Je... Merci... de ne pas avoir rit... et d'être gentil avec moi... Je suis tellement maladroite...

Cette dernière phrase était plus pour elle, mais elle l'avait prononcé à voix haute, pour peu que son timbre de voix puisse être qualifié de haut. Suzu lui adressa un petit sourire timide, qui laissait malgré tout paraître la légère méfiance qu'elle avait envers Ishiru, comme envers bien des gens. Puis, les joues rouges, elle rebaissa le regard, tortillant d'un geste distrait une mèche de ses cheveux roux autour de son doigt.

Suzu répondit finalement que c'était parce que les autres l'étaient, justement. Les autres étaient méchants avec elle? Ishiru avait deviné juste. Mais pourquoi en était-ce ainsi? Peut-être parce qu'elle était plus faible? Les gens profitaient parfois de la faiblesse des autres pour les rabaisser d'avantage... Mais cette petite était si mignonne, comment pouvait-on seulement songer à faire du mal à une gamine comme celle-ci qui n'osait même pas répliquer pour se défendre.
Ils soupirent et détournèrent le regard en même temps. Puis leurs regards se recroisèrent. Le plus vieux la vit rougir légèrement alors qu'elle le remerciait d'être gentil avec elle, elle se sentait maladroite.
Elle lui sourit timidement et l'aîné lui sourit à son tour malgré la méfiance qu'elle exprimait sur son visage qu'elle rebaissa vers le sol en jouant avec une de ses longues mèches de cheveux d'un geste inconscient.

- Ça arrive à... à tout le monde d'être maladroit, parfois.. Mais dans certains cas comme le tien, ça en fait une partie importante de ta personnalité.

Il eut un petit rire nasale avec un sourire puis dit:

- Et tu sais, une fille maladroite, c'est quand même mignon.

Ishiru lui sourit lui aussi, et dit que ça arrivait à tout le monde d'être maladroit, parfois, mais que dans certain cas, comme le sien, c'était une partie importante de la personnalité. Suzu leva un peu son regard vers lui, sans trop comprendre. Il eut un rire et ajouta avec un sourire:

- Et tu sais, une fille maladroite, c'est quand même mignon.

L'adolescente baissa vivement la tête, les joues rouges. Ses mèches rousses glissèrent devant visage et elle garda la tête basse. Pourquoi lui disait-il ça?Il devait trouver ça marrant de l'intimider comme il faisait. Sinon, pourquoi continuait-il? Et puis, une gamine couverte d'ecchymose à force de tomber, c'était peu mignon, selon elle. D'ailleurs, elle ne se comptait pas parmi toutes les choses qu'elle trouvait mignonnes, et la liste était longue. Suzu releva timidement son regard, à demi-camouflé par ses cheveux, vers Ishiru. Elle ne dit rien. Elle ne savait pas quoi dire, donc elle préférait rester silencieuse. Elle se releva et, lorsqu'elle voulut avancer, sa jambe encore douloureuse de sa chute lui fit défaut et elle tomba sur le garçon. Terriblement gênée, elle n'osa pas bouger dans un premier temps. Elle ne fut même pas capable d'articuler un désolé. Suzu tombait souvent, oui, mais jamais sur des gens, en général. La couleur de son visage s'approchait un peu plus de celle de ses cheveux tant elle était gênée. Après quelques secondes, elle recula vivement et baissa la tête.

- D-Dé-Désolée! marmonna-t-elle.

Ishiru vit la jeune fille baisser la tête alors que ses longues mèches rousses tombaient devant son visage pour cacher ces si jolis traits fins.
Pourquoi semblait-elle croire qu'il lui voulait du mal? Avait-elle vécu quelque chose de mal avec d'autres gens? C'était sans doute possible, Ishiru l'avait à moitié deviné par l'air qu'elle donnait.
Leurs regards se croisèrent. Celui de Suzu s'était timidement levé vers le sien.
Puis elle se leva. Qu'est-ce qu'elle faisait?
Justement, lorsqu'elle fit un pas vers l'avant, elle trébucha et tomba sur Ishiru qui se crispa en la ratrappant... malgré lui en même temps.
Ils se fixèrent un moment, tous les deux immobiles. La couleur du visage du jeune homme s'harmonisait avec celui de la jeune fille qui se rapprochait de la teinte de flamme de ses cheveux.
Et finalement, elle se redressa, en un même mouvement que le plus vieux, et se recula en baissant la tête et marmonnant des excuses.
Ishiru passa une main sur sa nuque et la frotta d'un tic nerveux qu'il avait souvent.

- Ne t'excuse pas, ce n'est que des maladresses.

Il lui adressa un petit sourire.

- Et puis, c'est pas comme si tu m'avais fait... réellement mal, non? Tu es toute légère.

Pour une fois, Suzu n'avait pas été la seule à rougir. Ishiru était aussi rouge qu'elle, probablement. Il se redressa en même temps qu'elle et passa sa main sur sa nuque, probablement un tic nerveux, alors que l'adolescente enroulait à nouveau une mèche de cheveux autour de son doigt. Il lui dit qu'elle n'avait pas à s'excuser, car ce n'était que des maladresses, et ajouta, avec un petit sourire:

- Et puis, c'est pas comme si tu m'avais fait... réellement mal, non? Tu es toute légère.

Suzu eut un petit sourire et hocha doucement la tête, s'efforçant de paraître plus calme. Pour sa sécurité et celle d'Ishiru, elle jugea plus prudent de rester assise. Elle ramena ses jambes contre elle et les enserra dans ses bras, le regard vague. Elle se disait que le garçon devait être sincère, finalement. Sinon, elle ne voyait pas pourquoi il voudrait tellement qu'elle soit à l'aise avec lui. Le hic, c'était qu'elle n'était à l'aise avec presque personne. Elle redressa son regard vers Ishiru et le fixa longuement, sans vraiment s'en rendre compte. Puis, elle baissa le regard et poussa un soupir discret. Pour une rare fois dans sa vie, elle voulait faire avancer un peu la conversation. Seulement, elle ne savait pas tellement quoi dire. Elle n'avait pas l'habitude de parler pour ne rien dire. Suzu garda le silence, cherchant quelque chose à dire. Finalement, après une longue hésitation et d'une voix également hésitante, elle demanda:

- Est-ce qu'il y a une... une raison précise pour laquelle tu es ici?

Elle le regarda, se disant que c'était la moindre des choses, puisqu'elle lui avait posé une question.

Tout les deux s'adressèrent mutuellement un sourire. La plus petite se rassit et ramena ses jambes vers sa poitrine, les tenant entre ses bras. Ah, cette gamine était si mignonne. Elle avait l'air si fragile, tel une poupée de porcelaine, si timide... C'est à peine si elle osait le regarder... Alors que ce dernier était si à l'aise et ce, en tout temps. S'il avait pu, pour l'aider, il lui aurait volontiers donner de cette aisance.
L'homme sentit un regard posé sur lui. Il tressaillit légèrement lorsqu'il croisa celui de la rouquine qui le rebaissa peu de temps après.
Cette discussion était l'une des plus silencieuses qu'Ishiru avait participé. lui qui n'était pas si bavard que ça, d'ailleurs. La jeune Sukeru brisa la glace de manière hésitante, geste qui étonna agréablement Ishiru.

- Est-ce qu'il y a une... une raison précise pour laquelle tu es ici?

- Mmmh...

Ishiru réfléchit un moment. Pourquoi était-il venu ici? Ouais, c'était un peu pour les mêmes raisons qu'elle, s'éloigner du bruit... Mais la curiosité y était aussi... et la délinquance, d'ailleurs

- Un peu comme toi. En bas, c'est bruyant et ici, c'est calme... Mais, en fait, je voulais découvrir les parties du pensionnat que j'avais pas visité encore, comme le toit... Qui était d'ailleurs interdit, ce qui m'a donné un peu plus le goût d'y aller.

À nouveau, il eut un silence. Gêné, Ishiru l'interrompit par la premiere chose qui lui était passé par la tête.

- Tu connais beaucoup de gens ici? Euh, je veux dire... tu vois... genre... Tu t'es fait des amis... un copain..? euh...

Il se fichu une sale giffe mentale.

Ishiru réfléchit un moment à la question, avant de finalement répondre que, comme pour elle, c'était parce qu'il y avait beaucoup de bruit, en bas, alors qu'ici c'était calme. Seulement, lui voulait surtout visiter les endroits qu'il ne connaissait pas, donc le toit, et que comme c'était interdit, il avait plus été porté à y aller. Une logique incompréhensible pour Suzu... Elle n'aimait pas braver les interdits, mais ici était une exception. Elle aimait trop cet endroit pour y renoncer. Et puis, même la bibliothèque n'était pas un endroit assez tranquille à son goût. Il y avait trop de gens...
Perdue dans ses réflexions, Suzu n'avait pas réalisé qu'un silence s'était installée avant que la voix d'Ishiru ne revienne la sortir de sa torpeur.

- Tu connais beaucoup de gens ici? Euh, je veux dire... tu vois... genre... Tu t'es fait des amis... un copain..? euh...

Elle le regarda un moment, alors que la question se frayait lentement un chemin dans la brume qui flottait presque constamment dans sa tête pleine de réflexions. Ensuite, elle prit un moment pour réfléchir à la réponse, tout en regardant vers le sol. Elle appuya son menton sur ses genoux et répondit:

- En fait... je ne suis pas ici depuis très longtemps... J'ai voulu rentrer chez moi l'an dernier mais... la situation était compliquée, alors j'ai du revenir...

Elle poussa un petit soupir qui indiquait qu'elle n'avait pas envie de s'étendre sur la question, et ajouta:

- Et puis, tu as du voir à quel point je suis gênée... Je préfère être seule, ça m'évite de me couvrir de ridicule...

Suzu baissa le regard en rougissant un peu. Elle n'avait pas l'habitude de parler autant, et encore moins de parler d'elle. Pour éviter un autre silence, elle marmonna, sans lever les yeux:

- Et toi, tu t'es fait des amis, ou tu es seul aussi?

L'homme gardait son regard au sol. Il savait précisément que la jeune fille le regardait. Puis il la vit rebaisser la tête, tout comme lui. Un silence s'installa avant qu'elle ne réponde que ça ne faisait pas très longtemps qu'elle était ici et que, l'an dernier, elle avait voulu rentrer chez elle mais qu'en raison d'une situation complexe, sans doute avec sa famille, elle avait dû revenir.
Ensemble, ils soupirèrent tous les deux. Ishiru comprit qu'elle ne voulait pas en ajouter sur ce sujet. Puis elle ajouta qu'au point où elle en était avec sa timidité maladive, elle préférait être seule car ça lui évitait de se couvrir de ridicule.
L'homme la regarda alors qu'elle abaissait son regard.

- Et toi, tu t'es fait des amis, ou tu es seul aussi? marmonna-t-elle.

Le plus vieux s'éclaircit la voix. Qu'avait-il à répondre à ça? Il venait d'arriver, c'était un grand flemmard accompli qui passait sa vie en restant enfermé dans sa chambre à dormir tel un no-life la passe dans son sous-sol à jouer aux jeux vidéos. Il n'était donc pas du genre à se faire des tas de copains facilement car il n'approchait pas les gens lorsqu'il était à l'extérieur de sa chambre.

- Euh, en fait... Je suis arrivé en début de cette année, avec ma petite soeur. J'ai fait connaissance avec mes colocs et, si tu le permets, je peux te compter parmi mes amis.

Suzu sentit le regard d'Ishiru sur elle, alors qu'il semblait chercher une réponse. Il répondit, après un moment, qu'il était arrivé récemment, avec sa petite soeur. Depuis, il avait fait connaissance avec ses colocs et, si elle lui permettait, il la comptait parmi ses amis. Suzu lui adressa un sourire timide, acquiesçant. Bien sûr, elle ne connaissait pas vraiment Ishiru, et elle se méfiait encore un peu, mais elle avait envie de lui faire confiance. Même si elle était timide, et malgré ce qu'elle disait, elle n'aimait pas être toujours seule. Ça lui pesait, bien plus qu'elle ne le laissait paraître. Mais pourquoi était-elle si timide? Une pointe de tristesse apparaissait dans ses yeux dorés, fixé sur le sol. L'adolescente secoua vivement la tête, s'extirpant de ces réflexions. Elle regarda Ishiru et lui dit d'une petite voix:

- Tu as de la chance de ne pas être arrivé ici tout seul... et d'avoir une soeur. J'aurais tant aimé avoir une soeur... ou un frère...

Elle eut une petite moue déçue. Depuis qu'elle était petite, elle avait voulu avoir quelqu'un avec elle, un frère ou une soeur. Mais elle n'avait pas eu cette chance, et elle ne l'aurait sans doute jamais. Elle s'était habituée à sa condition d'enfant unique, et elle avait appris à vivre comme ça. Enfin, elle n'était pas à plaindre non plus!

- Sans vouloir être indiscrète... Comment se fait-il que tu aies été admis ici à 17 ans? Normalement, les élèves arrivent plus jeune...

Tout deux s'adressèrent un petit sourire alors que la plus jeune acquiesçait ses paroles d'un mouvement de la tête. Elle semblait encore un peu méfiante, sans doute de nature, mais Ishiru était persuadée qu'elle tentait de se débarrasser de cette façade pour mieux le connaître, faire connaissance avec lui... Pouvoir lui faire confiance.
Ça ne devait pas être facile d'être toujours seule comme elle prétendait l'être. Si Ishiru était généralement peu entouré, c'était par choix car il ne s'approchait pas réellement des gens... Du moins, pas suffisament pour s'en faire de grands amis.
De plus, avec ses airs qui le faisait parraître sans cesse emmerder par tout ce qui se passait autour de lui et tout ce qu'on lui disait, comme s'il se foutait de tout (d'ailleurs, c'était parfois réellement le cas), il ne devait pas faire toujours une première bonne impression.
Lorsque l'adolescente secoua vivement sa tête, Ishiru reporta son attention sur elle. Elle le regardait alors qu'elle le disait chanceux d'avoir une soeur car il n'était pas seul. Elle aurait aussi aimé avoir une soeur ou un frère.
Effectivement, elle semblait sérieuse et déçue. Ç'avait beau ne pas toujours être joyeux entre l'aîné et sa petite soeur, mais les deux étaient liés d'une fraternité sans faille. Le jour où ses parents étaient venu le voir en disant "Regarde, mon grand. C'est ta petite soeur Kira" était le plus beau jour de sa vie, malgré tout.

- Sans vouloir être indiscrète... Comment se fait-il que tu aies été admis ici à 17 ans? Normalement, les élèves arrivent plus jeune...

Ishiru soupira et choisit les bons mots avant de répondre. Que pouvait-il répondre à ça autre que la simple vérité?

- En fait, je ne suis pas en dernière année, donc il me reste deux ans d'étude encore... Et pour ce qui est de mon arrivé ici, en fait... J'ai préféré attendre que Kira dé-

Il s'interrompit, il avait failli dire "découvre son pouvoir", alors qu'il ne savait même pas si Suzu avait un pouvoir.

- Que Kira soit prête à m'accompagner. On ne voulait pas se quitter...

Ishiru soupira et expliqua, après un bref moment, qu'il n'était pas en dernière année et qu'il lui restait encore deux ans d'études. Il poursuivit:

- Et pour ce qui est de mon arrivé ici, en fait... J'ai préféré attendre que Kira dé- (il s'interrompit subitement, puis se reprit: ) Que Kira soit prête à m'accompagner. On ne voulait pas se quitter...

Suzu le regarda un moment, sans comprendre pourquoi il s'était tu si brusquement. Elle ne savait pas ce qu'il s'apprêtait à dire, mais ce n'était pas ce qu'il avait dit par la suite. Dans les yeux du garçon, elle pouvait d'ailleurs voir que, malgré qu'il ne mente pas, il ne disait pas non plus toute la vérité. Il lui cachait quelque chose, mais Suzu ne voulait pas le forcer à parler, puisqu'elle ne le connaissait pas beaucoup. Néanmoins, son regard laissa clairement paraître sa curiosité.

- Pourquoi ne pouvait-elle pas venir avant? demanda-t-elle timidement.

Elle regarda vers le sol, entortillant inconsciemment et nerveusement une mèche de cheveux roux autour de ses doigts. Un souffle de vent souleva les cheveux de l'adolescente, qui les replaça d'un petit geste, tout en resserrant sur ses épaules son châle, frissonnant malgré elle. Même s'il ne faisait pas particulièrement froid, Suzu n'avait jamais très bien tenu le froid.

Les deux adolescents se fixèrent un moment. La plus jeune semblait curieuse, Ishiru l'écouta malgré tout, craignant d'avoir été... démasqué? Après tout, comment pouvait-il savoir si elle avait des pouvoirs ou non, sans lui demander franchement? Jusqu'à maintenant, Ishiru n'avait pas trouver d'autres manières de le demander.

- Pourquoi ne pouvait-elle pas venir avant?

Ce fut l'unique question que la rouquine posa avant de regarder en direction du sol, jouant toujours d'un doigt avec une mèche de ses cheveux. Il s'agissait sans doute d'un tic qu'elle avait. Il en avait lui aussi. Tout le monde en avait d'ailleurs!
Un coup de vent souffla et fit voler les cheveux de la jeune fille. Suzu sembla frissonner tout comme lui, qui était du genre à avoir toujours froid.

- Euh... eh bien...

Étonnement, Ishiru n'eut pas besoin de trop réfléchir pour trouver finalement une réponse... buvable.

- Kira n'était pas prête à partir en pension... Tu sais, elle... préférait... hum... Elle voulait rester avec notre mère, à la maison. C'est quand même bouleversant de changer de vie comme ça, soudainement de ne plus rentrer à la maison tous les soirs après l'école. Tu... Comprends ce que je veux dire, eh?

Ishiru sembla hésiter sur la réponse à donner. Suzu se demanda si, comme elle, il avait des pouvoirs. Peut-être, peut-être pas, elle n'oserait pas le demander. Par contre, il lui répondit que sa soeur n'était pas prête à aller en pension, car elle préférait rester avec leur mère. C'était bouleversant, de changer de vie brusquement, ne plus rentrer à la maison tous les soirs.

- Tu... Comprends ce que je veux dire, eh?

L'adolescente acquiesça légèrement.

- Je... comprends, marmonna-t-elle. Je n'ai pas voulu... venir ici. Mais... les situations difficiles exigent des mesures difficiles... Disons que, les deux fois où je suis venus, je n'ai pas eu le choix de faire le déplacement... Pour ma sécurité...

Elle soupira tristement. Sa mère adoptive lui manquait, son père encore plus, d'autant plus qu'elle ne pourrait jamais le revoir. Elle repoussa ses pensées dans un coin de son esprit, voulant éviter de se montrer trop sentimentale. Elle regarda vers le ciel et adressa un petit sourire aux nuages. De là-haut, la vue devait être encore plus belle.

La jeune fille hocha légèrement la tête. Phew, elle avait compris. Ishiru s'était lancé dans des explications en long et en large, sans même savoir de quoi il parlait. Heureusement qu'il n'avait pas dû réexpliquer car, sans nul doute il se serait contredit dans ce qu'il disait, il se serait tromper. Elle lui répondit qu'en retour, elle n'avait pas voulu venir ici elle non plus mais que, malheureusement, certaines situations exigeaient des choix et des mesures difficiles. Aux deux reprises qu'elle était venue ici, elle n'avait pas eu le choix de faire le déplacement pour sa sécurité.
Ishiru eut un froncement de sourcils mais ne posa aucune question. C'était sa vie personnelle et elle lui parlerait de détail si elle en avait envie.
Ils soupirèrent mutuellement. À chacun semblait manquer sa vie d'avant.
Oui, sa vie d'avant manquait à Ishiru. Non le fait d'être avec sa mère, mais surtout le fait de vivre comme une famille normale, lorsque son père était encore en vie, en fait. C'était comme ça qu'il voudrait que sa vie soit encore aujourd'hui, comme elle l'était dans le passé.
Il regarda le ciel lorsqu'il s'apperçut que Suzu fixait les nuages en souriant légèrement. Le jeune homme retourna, après un moment, son regard vers la gamine en tournant sa tête. Il finit par poser la question qu'il voulait poser depuis tantôt, après quelques secondes de silence.

- Ta sécurité? Pourquoi c'est mieux pour toi d'être au pensionnat?

Il avait un sourcil froncé et l'autre surélevé. Il posait cette question sans réellement y réfléchir, un peu comme il parlerait de n'importe quoi avec un pote.

- Évidemment, si tu veux bien en parler, eh...

Ishiru resta silencieux et l'adolescente crut avoir échappé à la question fataliste. Pourtant, après quelques secondes de silence, il la regarda et dit:

- Ta sécurité? Pourquoi c'est mieux pour toi d'être au pensionnat?

Le sourire de Suzu se dissipa de son visage et elle regarda Ishiru. Comment savoir s'il avait des pouvoirs lui aussi, si elle pouvait lui dire que devenir invisible en pleine rue avait faillit causer sa perte par plusieurs fois? Elle regarda de ses yeux dorés, alors qu'il affichait un visage sceptique. Il ajouta qu'elle n'était pas obligé de lui en parler. Mais elle voulait en parler, elle ne supportait plus d'avoir un tel poids pour elle seule. Mais elle ne voulait pas se mettre en danger en parlant de son pouvoir à quelqu'un qui n'en avait pas... Elle se mordilla la lèvre inférieure, cherchant une méthode implicite de dire ce qu'elle voulait dire, pour qu'Ishiru comprenne.

- En fait, commença-t-elle, hésitante, je... Euh... Est-ce que tu es dans la classe S?

Si c'était un élève normal, il ne ferait pas le lien entre la situation et la classe. Par contre, s'il était un S comme elle, il comprendrait que le danger était lié à son pouvoir. Suzu baissa le regard, ne voulant pas voir la réaction qu'il aurait. S'il n'était pas un S, allait-il la harceler pour connaître le fin mot de l'histoire? Elle savait qu'elle était incapable de mentir, elle ne pourrait pas lui inventer une histoire...